« RenardÔ et le secret de l’arche de la colline »

 

Il était une fois, au cœur d’une grande forêt enchantée, nommée la forêt Haute de Léodégarie ; pleine de vie, pleine d’animaux, d’arbres, de fleurs et de personnages merveilleux ; un renard, un jeune renard héroïque et masqué, un jeune renard d’une dizaine de cycles de saisons, rusé, pas comme les autres : RenardÔ!


Il était vêtu d’une tunique noire, de gants et de bottes noires, d’une ceinture à sa taille dont la boucle ronde était brillante comme de l’or, et dans laquelle apparaissait un R du précieux métal doré. RenardÔ possédait un grand chapeau bleu ceint au sommet d’un fin ruban noir, ajoutant à sa silhouette une touche de mystère. Son chapeau était magnifique, assorti à la couleur de sa cape, et arborait une longue, belle et remarquable plume blanche, donnant à notre jeune héros du panache et un air presque théâtral! Sa cape, splendide, longue et ample comme celle d’un mousquetaire, était de couleur bleu saphir. Elle flottait au vent. Brodé sur le bas de sa cape, un petit R bleu y apparaissait. RenardÔ, avec son regard bleuté, tant engagé qu’émerveillé sous son masque noir de héros, et son sourire malicieux, n’était pas seulement élégant, il était aussi unique, courageux et le protecteur de la Nature, bienveillant. Chaque matin, notre héros faisait le tour de l’immense forêt de Léodégarie pour écouter que tous les oiseaux chantaient encore. Il s’assurait que tous les ruisseaux s’écoulaient et murmuraient encore. Il veillait à ce que toutes les fleurs s’ouvrent encore au soleil, que tous les animaux avaient encore de quoi manger, et que tous les êtres vivants blessés étaient soignés. Il aimait naturellement aider tous ceux qui en avaient besoin. 

 

Un matin, alors que le soleil, dans sa course, montait au ciel et caressait de lumière la cime des arbres, RenardÔ reçut un message. Alors qu’ il était en train d’aider des hérissons à construire un abri avec des feuilles, pour qu’ils puissent héberger leur future famille, un papillon blanc, étonnant et mystérieux, aux ailes bordées d’un fin liseret rouge, se posa sur son museau. Le papillon portait un petit rouleau de feuille roulée, scellé avec une goutte de rosée. RenardÔ, un peu surpris, prit le rouleau avec beaucoup de précaution. Il n’avait jamais vu un papillon messager, celui ci alla se poser sur une fleur près de RenardÔ et sembla attendre. RenardÔ esquissa un sourire, amusé par l’élégance du messager ailé. Il murmura « Merci, je vais l’ouvrir… », même s’il n’était pas sûr que le papillon comprenne. Mais le papillon rare, s’envola aussitôt, comme par magie, c’est qu’il avait compris.


RenardÔ déroula alors le message, très intrigué, il y découvrit ce qui était finement écrit à l’intérieur.


« Cher RenardÔ... le mystère de la fondation des anciens t’attend… » RenardÔ releva la tête, interrompant sa lecture et songea « Un mystère… ». Puis il reprit sa lecture « … sur une colline boisée, au milieu des prairies… 

Cette colline est unique et ressemble à une arche…venue du ciel… Elle renferme un secret si ancien que seul un cœur pur doublé d’un esprit pur, pourra découvrir. »

Un secret s’écria-t-il ! RenardÔ bondit et partit aussitôt tant c’était intriguant! Il courut à travers les clairières, les forêts et les plaines, sa cape flottait derrière lui comme un drapeau de courage, il voulait percer ce secret. En chemin, il rencontra tout d’abord une biche qui lui fit un signe, il s’arrêta près d’elle, elle s’adressa à lui et l’avertit :

 

« Cette colline… on dit qu’elle parle la langue des oiseaux, qu’elle parle aux arbres et le langage des fleurs, mais aussi qu’elle fait pousser la vie. Mais attention, elle ne révèle son secret qu’à celles ou ceux qui respectent la Terre. »

 

RenardÔ se mit à hocher la tête, il savait que sur cette Terre, la Nature était vivante, elle n’était pas comme un simple paysage, non pas du tout : elle respirait, elle était poésie, elle offrait du vivant, elle méritait qu’on l’écoute, il avait entendu son appel. Poursuivant son chemin, il rencontra un héron paisible qui à son tour l’avertit :


« RenardÔ… sur cette colline… on dit qu’on y parle le langage de tous les animaux… On dit aussi que cette colline sait faire renaître le jour… tout autant que la nuit... Mais attention! Elle ne révèle son secret qu’à celles ou ceux qui respectent la Terre.»

RenardÔ le fixa, hocha à nouveau la tête, puis le remercia. Il savait que la Nature lui révélerait ce secret, il reprit alors son chemin.


Enfin il rencontra une toute petite musaraigne, elle était adorable et lui dit : 

« Comment puis-je t’aider ? Cherches-tu ton chemin ? »

RenardÔ répondit « Oui, celui du vieux moulin. »


« Tu es sur la bonne voie » lui dit-elle .

Il la remercia et avança répondant à l’appel.


Quand il atteignit la colline en forme d’arche, elle semblait flotter sur les prairies comme un vaisseau silencieux. Elle brillait. Le soleil la baignait, et une clarté, presque magique, flottait autour. Les oiseaux ne chantaient plus, le vent s’était tu… tout attendait…Tout était beau et tout semblait figé dans un moment suspendu. Il posa son pied sur la colline et se demanda si tout cela était bien réel. Il ne sut le dire, mais d’un pas décidé il avança quand même ! 

Puis il fut saisi par une apparition. Un arbre majestueux ! 

RenardÔ en signe de révérence posa un genou à terre, se saisit d’une branche restée tombée près de l’arbre majestueux, d’une main s’y agrippa, de l’autre il la posa sur son genou fléchi, il se mit ainsi en position noble sur le sol de la colline près de l’arbre ancien, un chêne immense et couronné, qui semblait paisiblement en être son gardien, puis il murmura :

 

« Je suis venu en allié du vivant, je suis là en ami de Nature, je protège la forêt, les rivières, les oiseaux, les loups, les fourmis, les vers de terre, les abeilles, tous les êtres, toute la beauté du monde, la poésie, les nuages, même les étoiles … Nature, s’il te plaît, dis-moi donc ton secret. »


Rien, le silence. Aucune réponse.


RenardÔ n’avait aucune idée de ce qu’il allait trouver. Mais il avait couru, et parcouru tout ce chemin, comme si ses bottes de ce lieu, elles savaient mieux que lui.


Toujours rien. Toujours le silence.

Il s’exprima à nouveau : 


« Je sais devoir être ici, je le ressens…

Nature, s’il te plaît, dis-moi donc ton secret. »


Soudain, un grand tremblement se fit ressentir, un frisson gigantesque parcourut toute la colline. Des racines se mirent à jaillir, formant un escalier de bois, tressé et qui guidait vers un portail rond, un portail ouvert sur le ciel, le soleil l’attendait derrière. RenardÔ, courageux monta, pas après pas, jusqu’au sommet des marches. Il entra alors dans le cercle et tout à coup il lui sembla être transporté. Tout s’anima, plus rien n’était figé, tout était en mouvement autour de lui, un tourbillon agréable semblait tout orchestrer.

 

C’est alors à cet instant, là sur cette colline, qu’il découvrit un obélisque géant et merveilleux, une haute et grande pierre lumineuse qui était couverte de symboles anciens, autour de laquelle tournoyaient de magnifiques oiseaux. L’édifice en forme de flèche de pierre, était orienté vers le ciel, et sur lui, gravé, chaque symbole y exprimait la vie. Une voix douce résonna dans l’air, comme portée par le vent lui-même et le chant des oiseaux, elle dit :

 

« Cette colline est une ancienne arche du Vivant, une ancienne arche de la Terre, une ancienne arche pour défendre, construite par ceux qui, autrefois protégeaient la Nature. Le temps certes a passé, l’arche avait fini par être recouverte par la nature, mais elle existait encore. Elle veillait… et aujourd’hui, toi RenardÔ, elle te choisit. »


Il ressentit se réveiller en lui une force ancienne et bienveillante. 

C’est alors qu’un rayon de lumière sortant de l’imposant symbole solaire toucha le cœur de RenardÔ. RenardÔ touché par la grâce vit alors tant d’images défiler devant ses yeux : des forêts renaissantes, des déserts refleuris, des animaux sauvés, des enfants plantant des arbres… c’était merveilleux ! Il comprit alors que la Fondation était un message, une promesse… une mission!


Il remercia la lumière et celle-ci le récompensa à son tour, lui indiquant qu’il aurait le don à jamais de parler lui aussi le langage de tous les êtres vivants mais aussi que sa plume désormais serait dotée d’un pouvoir magique. Un pouvoir! Mais quel pouvoir! Celui unique, d’écrire dans l’air tout ce qu’il penserait, et ce quand il le voudrait, la voix engagée rajoutant « Écris pour libérer! et ton pouvoir demeurera. »

 

Il retira la plume de son chapeau et écrivit un mot dans l’air, là devant le chêne géant, devant l’ancêtre de Gaume : « Liberté » !


Alors tant il était émerveillé de voir son mot apparaître, là, devant lui par magie, il s’écria : « Liberté, moi aussi, j’écris ton nom ! »


Il remit sa plume sur son chapeau, et en salua le grand chêne d’un geste gracieux avant de quitter la fondation. Toutefois, il s’adressa au moment du départ et par respect au chêne qui désormais devait le comprendre : « Je suis heureux de t’avoir rencontré. À bientôt. » Ce à quoi le vieux chêne répondit « Sur cette scène à Nature, moi qu’on nomme le Molière, RenardÔ, je suis enchanté. »

L’escalier et l’arche disparurent comme par enchantement de Nature.

Il en était désormais le héros. 


En redescendant, la colline avait changé, elle respirait à nouveau. Les oiseaux chantaient, des fleurs nouvelles y avaient poussé, et dans le ciel, les nuages formaient une plume, comme celle de son chapeau.

 

Depuis ce jour, son histoire ayant dépassé tous espaces, toutes frontières, RenardÔ raconte aux enfants, de génération en génération, cette histoire. Il leur explique que chaque arbre est un ami, chaque goutte d’eau est un trésor, que chaque fleur et chaque animal est précieux, que chaque être vivant est un frère ou une sœur, et que chacun peut, comme lui, devenir un héros de la Nature.

 

« Et toi qui lis ou à qui on raconte cette histoire, n’oublie jamais que la Nature parle aussi à ton cœur. Tu peux croire en elle et en RenardÔ. Écoute-la, car tu pourrais, toi aussi devenir son héros… ou son Héroïne du Vivant. Il suffit de croire en cette Terre… il suffit de croire en la Nature, il suffit juste de la croire et d’écouter ce qu’elle murmure. »

 

Auteur :


Candide Linarès

(Celui qui, dansera l’indice, et qui, parlant la langue des oiseaux, de Nature & par Nature, trouva.)


« À mon fils, et à tous les enfants du monde, l’avenir par Nature et en Nature vous appartient.


À tous les parents et grands-parents du monde, qui ont Nature comme chemin. 


À tout Humain, qui par Nature, a horizon commun. 

 

À l’étoile. »

 

 

 

Parution aux éditions Colette (libres) le 18 mai 2025